Une Maison du vélo en projet au centre-ville
(Tribune de Genève du 08.12.2009)
Associations, privés, clubs: toutes les facettes du vélo y seraient réunies
© olivier vogelsang
La bicyclette pourrait bientôt obtenir une véritable ambassade à Genève. Le projet de Maison du vélo a séduit tous les élus de la Ville, sauf les libéraux. Via une motion, ils enjoignent le
Conseil administratif d’en favoriser la création. L’élu PDC Alain de Kalbermatten l’imagine comme un guichet unique ouvrant sur le monde de la petite reine. «Le but est de concentrer toute
l’information disponible et de la rendre accessible à tous. Dès que les Genevois pensent vélo, ils devraient penser Maison du vélo.»
Informations et activités
Jean-Luc Sudan, président de l’association Maison du vélo, détaille ce projet que porte un collectif composé de Pro Vélo, Genève Roule, Peclot 13, Roue Libre, de l’Association transport et
environnement ainsi que de Claude Marthaler. Les idées foisonnent. Le lieu pourrait accueillir un atelier où tout un chacun bricolerait son engin sous la supervision d’un spécialiste. Une bourse
aux vélos permanente pourrait s’y tenir. Des informations de tout ordre y seraient délivrées: sur les déplacements professionnels à vélo, les voyages à vélo, les parcours cyclables, les vélos
électriques ou encore le Vélib’. «Le but est d’intégrer chaque partenaire à un lieu unique, gage de meilleure visibilité. Ainsi rassemblés, ils pourraient proposer plus d’activités.»
Pas la chasse gardée des associations
L’homme tient surtout à en finir avec la guerre des chapelles. «Le challenge, c’est de faire comprendre que le vélo n’est pas une prérogative des associations. C’est aussi les marchands de
cycles, la cyclomessagerie, les clubs sportifs, qui vont du BMX au monocycle.» Jean-Luc Sudan pense même à l’offre culturelle, songeant que le lieu se prêterait bien, par exemple, pour projeter
le diaporama de Claude Marthaler, qui a parcouru 60 pays et 120 000 kilomètres à vélo en sept ans.
Insertion professionnelle
«La défiance initiale entre les associations à but non lucratif et les privés a failli condamner ce projet», raconte Alain de Kalbermatten. Ces divergences de vues semblent aplanies.
«L’utilisateur, lui, voit toutes les facettes du vélo. Il est aberrant de ne pas en réunir tous les acteurs.» La Maison serait donc celle des collectifs militants, des associations offrant des
services et des entreprises. «Nous désirons en faire un lieu d’accueil pour les cyclistes et les touristes, y faire la promotion du vélo, mais aussi y développer l’insertion professionnelle»,
énumère Nicolas Walder, directeur de Genève Roule. Mécaniciens, loueurs, livreurs, coursiers: l’homme songe à une myriade de professions, existantes ou à créer, qui pourraient germer dans cette
Maison.
Cette réunion de compétences ferait avancer la cause de la mobilité douce et des pistes cyclables de manière significative, est persuadé Jean-Luc Sudan. «Pour le football, prévoir des stades dans
toutes les communes paraît naturel. Les nageurs ont des piscines. Les cyclistes, eux, doivent se contenter des routes de campagne.» En termes de travail de lobby, la Maison du vélo fournirait une
vraie force de frappe. «Pour autant que nous parvenions à conserver l’union des associations et à bien définir notre avant-projet.»
Jean-Luc Sudan et les élus ont déjà un emplacement dans le viseur: l’immeuble situé à l’angle du boulevard James-Fazy et du quai Turrettini, en contrebas du pont de la Coulouvrenière, est vide.
Il appartient à la Ville qui, après l’avoir rénové, tente sans succès de le louer au prix du marché depuis des mois. Le collectif espère que la nature du projet infléchira sa position.
JÉRÔME FAAS | 08.12.2009 | 00:00